Régionales en France: trahison, compromission ou mal nécessaire pour la gauche ?

C’est un peu l’histoire du verre à moitié vide/à moitié plein. Il y a ceux qui dénonceront la trahison qui consiste à appeler à voter pour le PS, pour battre le FN et la droite, ce PS qui applique l’austérité, détruits le tissu social et les services publics en France depuis des dizaines d’années, et qui crée les conditions pour la montée permanente du FN, élections après élections. Ca c’est le verre a moitié vide. 

Le verre à moitié plein c’est plutôt d’insister sur le fait que des régions gagnées par le FN seraient une catastrophe en matière de vivre ensemble, de services publics ou de culture. Et ce seront aussi des régions ou toutes les décisions seraient prises en fonction des intérêts des 1% des plus riches (comme mais ce n’est hélas pas non plus l’apanage de la seule extrême droite). 

Il n’est pas non plus inutile de rappeler que le nombre de vote du FN aux présidentielles de 2012 était de 6.421.426 (13,94% des inscrits) pour arriver à 6.018.775 aux régionales de 2015 (13,29% des inscrits). L’augmentation exponentielle est surtout celle des abstentionnistes et pas tellement celle des français votant pour le FN.

Au lieu de cette histoire de verre, je préfère voir les choses en 3 étapes. 

Première étape : empêcher à tout prix que le FN remporte une seule région en France, même si cela implique des positionnements parfois contre-nature.

D’autant plus que pour nous, belges, il s’agit potentiellement de régions frontalières avec t plat pays.

Deuxième étape : une fois (espérons-le) les régions « sauvées » de la menace du FN, revenir pour la gauche qui se veut de transformation sociale à ses fondamentaux, cad un refus de toute politique qui se mette « à la remorque de politiques de droite, comme le fait le PS d’Hollande et Valls » et de se réunir sur le terrain des luttes sociales, écologiques et du monde du travail autour « d’une vraie politique de gauche, qui combatte pied à pied la politique actuelle de l’Union européenne », comme le suggère David Pestieau (vice-président du PTB) dans une carte blanche parue dans Le Vif[1]

Et comme troisième étape, complémentaire de la deuxième, il faut que les forces de gauche de transformation sociale reprennent des couleurs partout en Europe. Il faut être dans une articulation parfaite avec les luttes syndicales et du monde du travail, représenter le peuple de gauche qui cherche des alternatives écologiques au capitalisme avec ambition. 

Il faut s’organiser – et organiser – ceux qui luttent pour une culture progressiste, populaire et accessible ou encore les jeunes qui se réunissent pour un enseignement égalitaire et de qualité.

Et pour faire tout cela il faut un outil qui permette de fédérer toutes ces luttes. Un outil politique ouvert, ambitieux et qui a comme objectif d’organiser le plus grand nombre.

La collaboration entre les forces politiques de gauche qui construisent cette alternative en Europe est nécessaire et la coordination entre elles est urgente pour s’opposer aux politiques austéritaires et aux nationalismes qui s’en nourrissent.

[1] http://m.levif.be/actualite/international/union-europeenne-ceux-qui-ont-ecrase-les-grecs-ont-fraye-la-voie-au-fn/article-opinion-440149.html

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A propos de l’absence de soutien de la Russie à Gaza (juillet 2014)

Ces derniers jours de nombreux médias relayent le fait que Vladimir Poutine aurait déclaré suivre « de près ce qui se passe en Israël », et soutenir
« le combat d’Israël qui vise à protéger ses citoyens » (1). Tant les médias israéliens que de certains militants de gauche « anti-autoritaires » diffusent cette information accréditant le concept des « faux amis ». L’idée qui doit prévaloir est que Poutine (et par extension la Russie et sa population) a abandonné la cause de la libération de la Palestine et aurait pris fait et cause pour le gouvernement israélien et sa politique de colonisation et d’oppression depuis plus de 40 ans

Un petit rappel historique s’impose

Au sortir de la seconde guerre mondiale, vu le contexte historique et le traumatisme de l »Holocauste l’URSS soutient le plan de partage de la Palestine en se référant à « l’aspiration d’une partie considérable du peuple juif vers la Palestine »

Mais les sympathies du gouvernement israelien pour les USA vont vite faire pencher la balance soviétique vers les peuples arabes, dont le palestinien, sans compter que les partis communistes dans le monde seront dès le départ solidaire des palestiniens.

L’aspiration des peuples arabes à s’unir sera soutenue par l’USS en 1958 avec le soutien à la création de la République arabe unie (RAU, février 1958), formée par la Syrie et l’Egypte.

En 1980 ces liens seront encore renforcés avec la signature du Traité de coopération soviéto-syrien.

Et Cuba, fidèle allié ca rib&en de l’URSS, sera un support tant politique que militaire à la lutte de l’OLP et de ses composantes (comme le FPLP), support qui sera d’ailleurs offert à l’ensemble des mouvements de libération (MLPA,Black Panthers,…)

Et en 2014 ?

Bien sur aujourd’hui, tant le fait que de nombreux oligarques ont la double nationalité israélo-russe (2) que la lutte commune contre la menace islamiste (le Hamas pour les israéliens et les tchétchènes pour les russes) joue un rôle dans le fait qu’une partie non négligeable de l’élite économico-militaire russe défend sans limite la politique du gouvernement israélien.

Mais des points de divergences profonds existent également;

*les rapports cordiaux entre la Russie et l’Iran sur le dossier du nucléaire iranien

*les liens historiques,politiques et militaires profonds entre la Syrie et la Russie

*le soutien israélien au gouvernement géorgien lors de la crise de 2008

On pourrait aussi rajouter le fait que des pays qui soutiennent ouvertement la lutte de libération palestinienne et condament régulierement et publiquement le gouvernement israelien ont aussi des liens très étroits avec la Russie; pensons particulièrement à Cuba (3) et au Vénézuela (4)

Ce que personne n’a vu, lu ou entendu

Loin des déclarations qui tendraient à faire croire que la Russie soutient inconditionnellement Israel et ses opérations meurtrières, le gouvernement russe a récemment insisté « sur la nécessité d’une fin rapide de la confrontation armée, qui fait de nombreuses victimes civiles » (5), Vladimir Poutine insistant même sur la « nécessité d’un arrêt immédiat du conflit armé et de la reprise d’un dialogue israélo-palestinien » lors d’un entretien avec le président iranien Hassan Rouhani. (6)

Les palestiniens et leur lutte a et aura besoin d’un maximum d’amis et d’alliés, aussi imparfaits soit ils et quelque soient les reproches qu »on peut leur faire.

Faire croire que le gouvernement russe a trahi la Palestine ne sert qu’a décourager toute la solidarité qui peut naitre envers la Palestine avec cette idée: « vous voyez, même eux, les alliés historiques des peuples arabes, les ont trahis, cette cause est désespérée ».

Bien au contraire, le soutien de la Russie mais aussi de l’ensemble des pays BRICS ou de l’ALBA à la lutte de libération palestinienne est complémentaire des mobilisations des mouvements sociaux et des citoyens de part le monde.

(1) http://www.europe-israel.org/2014/07/vladimir-poutine-je-soutiens-israel

(2) http://www.diploweb.com/Relations-Israel-Russie-alliance.html

(3) http://cubasifranceprovence.over-blog.com/2014/07/cuba-manifeste-pour-le-peuple-de-palestine.html

(4) http://www.legrandsoir.info/le-venezuela-condamne-les-crimes-de-guerre-et-les-crimes-contre-l-humanite-massifs-commis-par-israel-contre-le-peuple.html

(5)http://french.china.org.cn/foreign/txt/2014-07/11/content_32917644.htm

(6) http://fr.timesofisrael.com/poutine-et-rouhani-appellent-a-un-arret-immediat-du-conflit-a-gaza/

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