Prise de position du Secrétaire général du Parti communiste portugais, Jerónimo de Sousa devant la décision du président de la République portugaise de nommer Passos Coelho comme formateur

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Jeronimo de Sousa: << Il est intolérable que [le Président de la République
portugaise] Cavaco Silva , en utilisant les fonctions qui lui sont confiées, ose mettre des limites sur qui peut ou ne peut pas exercer des fonctions ou des responsabilités.

Il est intolérable que Cavaco Silva entend imposer des options politiques
et des solutions gouvernementales soumises à des intérêts au service desquels il se place et cela en défiant le cadre constitutionnel qu’il est tenu d’obéir.

Il est intolérable que Cavaco Silva se présente lui-même, non pas comme le
garant de la souveraineté et de l’indépendance nationale, mais plutôt comme
un défenseur des marchés financiers, des spéculateurs, des intérêts du capital transnational.

Il est intolérable que Cavaco Silva adopte, comme il l’a fortement laissé
entendre, une attitude de pression et de chantage sur les députés et sur
les choix qu’ils doivent faire.

Dans ce contexte et compte tenu de la décision maintenant annoncée [de
soutenir un gouvernement de droite minoritaire], le Président de la
République devient responsable de sa position de confrontation avec la
Constitution, de l’instabilité qu’elle crée et des conséquences politiques
et institutionnelles qui en résultent.>>

http://www.pcp.pt/en/decision-and-announcement-president-republic-regarding-nomination-prime-minister

Victoire des indépendantises catalans: une solution pour lutter contre l’austérité européenne ?

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28 septembre 2015                                             

Benjamin Devos

Les résultats des élections régionales du 27 septembres sont sans appel: 62 sièges vont à la coalition « Junts Pel Si », 10 au petit parti indépendantiste et anticapitaliste CUP : au total les partis réclamant l”indépendance de la Région obtiennent la majorité absolue (72 sièges sur 135).

« Catalunya Sí que es Pot », qui regroupe les écolo-communistes d’ICV-EUiA (Iniciativa per Catalunya Verds-Esquerra Unida i Alternativa) [1], Equo (écolo-républicain) et Podem (Podemos en Catalogne) recueille 8,93% des suffrages contre 9,9% pour ICV-EUiA en 2012. Et perd 2 députés[2].

La montée en force des CUP

Les CUP (Candidature d’Unité populaire) passent de 3,95% à 10,01%, gagnent 7 députés supplémentaires passant de 3 à 10.

Le fait qu’une partie de la population catalane ait également accordé cette confiance à la CUP est un signal politique important.

La CUP qui existe depuis les années 1980, est un mouvement municipaliste anticapitaliste, prônant la conquête des institutions à partir de la politique locale: « C’est une manière différente de voir la politique. Qui part de la rue, des luttes locales ».[3]

Pour la CUP, l’indépendance de la Catalogne sera « l’occasion pour la classe ouvrière de construire une société libre ».

La pierre d’achoppement de l’indépendance entre la CUP et Junts Pel Si de la Région va se heurter au refus de la CUP de voir Artur Mas continuer à diriger la Catalogne, lui reprochant sa politique d’austérité.

La CUP a par exemple mené une vaste campagne pour le maintient du régime des pensions dans le cadre d’une future « République Catalane » : on voit mal comment une majorité avec les partis traditionnels catalans (CDC et ERC) appliquant déjà l’austérité parviendra à cet objectif…

Le succès de la CUP doit donc aussi être vu comme un signal envoyé à l’Europe : « beaucoup de Catalans voient désormais dans l’indépendance un moyen de défendre leur Etat-providence menacé par la politique de Madrid imposée par la « culture de stabilité » de la zone euro ».

La route vers une Europe des régions, et donc vers une division et un morcellement du monde du travail et des forces syndicales ne peut cependant pas être la solution pour combattre l’austérité des forces politiques et patronales au pouvoir en Europe. Sur ce point la CUP risque d’être fortement isolée parmi les forces européennes à gauche de la gauche.

Junts Pel Si, une alternative à l’austérité ?

La liste « Junts Pel Si », composée principalement par Convergence démocratique de Catalogne (CDC, droite), Gauche républicaine de Catalogne (ERC, centre-gauche). Des partis dont le programme socio-économique ne diffère pas fondamentalement du PP ou du PSOE : «Si l’on observe les préférences, surtout en terme de politique de dépense et de politique fiscale, la Catalogne est beaucoup moins de gauche que ce qu’elle affirme en réalité.» [4]

Une sorte d’union sacrée autour du projet indépendantiste, aussi partagé par une grande partie du patronat catalan qui considère qu’il « n’est pas acceptable de voir que nous ne profitons pas des services que nous finançons avec nos impôts, que nous avons perdu 300 milliards d’euros en trente ans, l’équivalent de huit plans Marshall, à cause du “déficit fiscal” et que nous ne pouvons pas avoir les infrastructures dont nous avons besoin. »[5]

Un discours qui résonne comme un drôle d’écho aux oreilles des italiens habitués à la Ligue du Nord ou aux belges qui connaissent l’ascension depuis plusieurs années de la très nationaliste et très à droite NVA.

NVA qui a d’ailleurs chaudement félicitée Artur Mas par la voix de son ministre président flamand Geert Bourgeois (N-VA) lui proposant «  renforcer les relations entre la Flandre et la Catalogne au cours des prochaines années »[6].

Autant de signaux qui doivent alerter les forces politiques qui en Europe se lèvent contre l’austérité et pour une Europe d’égalité, de développement économique régional et de solidarité.

[1] ICV est favorable à l’indépendance et EUiA (qui rassemble le PSUC-viu et les Communistes de Catalogne) préfère la construction d’une « République catalane librement fédérée à une République espagnole ».

[2] http://www.editoweb.eu/nicolas_maury/m/Victoire-des-independantistes-catalans_a9770.html

[3] http://www.rtl.be/info/monde/europe/catalogne-le-petit-parti-de-gauche-radicale-cup-incontournable-pour-les-separatistes-757586.aspx

[4] http://m.slate.fr/story/107357/pourquoi-pige-rien-independantisme-catalan

[5] http://mobile.lemonde.fr/economie/article/2015/09/26/en-catalogne-les-entreprises-s-inquietent-d-une-secession_4772905_3234.html?xtref=http://t.co/KK1kVxw99j

[6] http://www.rtl.be/info/belgique/politique/elections-en-catalogne-geert-bourgeois-felicite-artur-mas-pour-sa-victoire-757859.aspx

La Catalogne, bientôt le nouvel état membre de l’ONU ?

26 septembre 2015                                            

Benjamin Devos

 Ce 27 septembre auront lieu les élections régionales en Catalogne. Ces élections ressembleront d’avantage a un référendum pour ou contre l’indépendance de cette région qu’a des élections classiques opposants des partis selon un clivage idéologique.

Ce qui a en effet dominé les débats est la question de savoir si la Catalogne va oui ou non se diriger vers la voie de l’indépendance totale vis à vis de l’Espagne.

Selon un récent sondage, près de 80% de la population catalane est fermement favorable à l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple catalan. Plus de 40% seraient aujourd’hui prêts à voter Oui à l’indépendance lors d’un éventuel référendum[1]

Les racines historiques de l’indépendantisme catalan

Le premier gouvernement catalan qui remonte à 1359 a perduré jusqu’en 1714 puis fut restauré brièvement dans les années 1930.

Avec la guerre d’Espagne opposant les le camp républicain, de gauche et démocrate, à la droite et aux fascistes guidés par Franco, l’écart avec un pouvoir central espagnol va se creuser. En effet, lorsqu’en mars 1938 les troupes franquistes pénétrèrent sur le territoire catalan, une des premières décisions de Franco fut d’abroger le Statut d’autonomie de la Catalogne

2 ans plus tard, le président du premier parlement de Catalogne, Lluís Companys, sera livré au régime franquiste par la Gestapo et exécuté à Montjuïc en octobre 1940

Franco interdira l’usage de la langue catalane dans les services publics dès juillet 1940 et ne cessera de s’attaquer à la culture catalane tout en poussant au maximum un appareil d’Etat espagnol centralisateur.

La situation a changé avec la démocratisation en 1975 mais les catalans sont profondément marqués par ces faits d’histoires qui continuent à les guider aujourd’hui dans les prises de positions et dans la méfiance envers un pouvoir madrilène trop centralisateurs perdure.

Un second point de rupture plus récent a eu lieu en 2010 lorsqu’un nouveau statut de la région, adopté en 2006 par les Catalans et le parlement espagnol, a été censuré par le Tribunal Constitutionnel espagnol.[2] L’indépendantisme a alors beaucoup gagné de terrain dans l’opinion, attisé par la crise économique

Les forces en présence dans l’élection régionale

Du coté  du camp indépendantiste, on trouve d’abord la liste « Junts pel Sí » (« Ensemble pour le oui ») qui regroupe la CDC, de centre-droit, et la gauche républicaine (ERC) ainsi que des personnalités indépendantistes de la société civile.

Très à gauche de « Junts pel Sí », on trouve la liste, de la « Candidature d’Unité Populaire » (CUP), un parti d’extrême gauche opposé à l’euro et à l’UE et farouchement indépendantiste. Le programme de la CUP est beaucoup plus radical et veut amener la Catalogne directement à l’indépendance. La CUP a déjà promis un possible appui à une majorité sur la question de l’indépendance. Si les sondages se vérifient, la CUP jouera un rôle pivot après les élections et sera le « faiseur de Roi »

Du coté des partis unionistes, il existe une multitude le listes dont celles du PSOE et du PP et des « centristes » de Ciudadanos . 

A gauche on retrouce la liste « Catalunya si que es Pot » (« oui la Catalogne c’est possible ») qui rassemble « Barcelona en Comu », les écolo-communistes d’ICV-EUiA (Iniciativa per Catalunya Verds, Esquerra Unida i Alternativa), Podem (branche locale de Podemos) et Procés Constituent (une organisation communiste indépendantiste très populaire en Catalogne).[3] 

Le regroupement du PCC et du PSUC-Viu, « Comunistes de Catalunya », soutient également la liste de gauche.

Pour « Catalunya si que es Pot », tout en défendant le fait que la populaiton catalane a le droit de décider de ses liens avec l’État espagnol, la priorité est la lutte contre l’austérité.

La majorité en place à la ville de Barcelone , dirigée par Ada Colau, reste prudente et reste neutre dans le débat entre indépendantistes et partisans du maintien de la région en Espagne. Le conseil municipal de la ville d’1,6 million d’habitants, saisi par trois partis nationalistes et indépendantistes, n’a pas souhaité adhérer à l’Association des municipalités pour l’indépendance, rassemblant 741 des 948 municipalités de la région[4]

Du coté syndical la prudence est également de mise comme le rappelle Ester Boixadera, l’une des dirigeantes de la Commission ouvrière nationale de Catalogne (CCOO), première organisation syndicale de la région : « Il y a de l’opportunisme dans la promotion de l’indépendantisme qui sert d’écran de fumée pour masquer l’énorme malaise social. » Pour autant, le syndicat aussi réclame ce droit à la consultation pour « construire le futur de la Catalogne selon les aspirations de la population »[5].

L’indépendantisme, une solution pour la gauche radicale européenne ?

Pour des raisons historiques évidentes, on peut comprendre que la gauche radicale se sente plutôt favorable à l’indépendance de la Catalogne, mais on ne peut évacuer le fait que le courant régionaliste et indépendantiste est plutôt bien vu par le patronat européen.

En Catalogne, comme en Flandre ou en Italie du Nord, le patronat ne veut plus de la solidarité que constituent la sécurité sociale ou les aides aux régions défavorisées, espérant ainsi diviser la classe ouvrière comme nous le connaissons en Belgique avec les wallons accusés de gréviculture, de profitariat social et de frein au développement de la Flandre[6]. Avec l’exemple catalan, ce sont les régions moins riches d’Espagne qui sont visées avec l’argument que l’économie serait mieux gérées par les catalans seuls

Au final, c’est le sentiment de solidarité avec les régions plus pauvres, que ce soit en Espagne ou envers d’autres régions en Europe qui est visé.

Un repli régionaliste qui profiterait au patronat européen et aux forces de droite et d’extrême droite en Europe n’offrira aucune alternative aux 99% qui en Europe se battent pour une Europe faite d’égalité, de développement économique régional et de solidarité.

  
[1] http://alencontre.org/europe/catalogne-an-iv-lautodetermination-la-penser-et-la-faire.html

[2] http://www.axl.cefan.ulaval.ca/monde/catalan.htm#11_La_p%E9riode_franquiste_

[3] http://www.editoweb.eu/nicolas_maury/Une-liste-independantiste-unie-pour-les-elections-en-Catalogne_a9639.html

[4] http://fr.metrotime.be/2015/09/07/news/independantisme-en-catalogne-barcelone-reste-neutre/

[5] http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Les-Catalans-songent-a-se-detacher-de-l-Espagne-_EP_-2012-11-22-879100

[6] http://www.marx.be/fr/content/recherche-dans-etudes-marxistes?q=fr/node/118&urlname=http://marx.be/Prime/FR/dossiers/em74/article_537.html

Sur les décisions de l’Eurogroupe concernant la Grèce , par le parti communiste portugais

Communiqué du bureau de presse du Parti Communiste Portugais

Sur les décisions de l’Eurogroupe concernant la Grèce – 15 aout 2015

25abril

L’annonce par l’Eurogroupe d’un nouveau memorandum pour la Grèce représente l’imposition au peuple grec d’une poursuite de la politique d’exploitation, d’appauvrissement, de soumission aux intérêts des grandes entreprises et les grandes puissances.

Un nouveau memorandum qui est imposée à la suite d’un processus inacceptable de déstabilisation et de chantage par l’Union européenne et le FMI, que le gouvernement portugais de la coalition CDS PSD a soutenu et dont le PS était un complice, et a profité des incohérences, des contradictions et des compromissions du gouvernement SYRIZA / ANEL  qui, de manière significative, a obtenu le soutien de la ND et le PASOK pour son approbation au Parlement grec.

Un mémorandum qui – concrétisant les décisions du Sommet de l’eurogroupe du 12 Juillet – institue la poursuite de la politique qui a conduit la Grèce à la catastrophe économique et sociale, une dette insoutenable et impossible à rembourser, le pillage de ses ressources, la subordination à la troïka (UE, BCE et le FMI).

Le PCP réaffirme sa solidarité avec les travailleurs et le peuple grec dans leur lutte contre les politiques d’exploitation, d’appauvrissement et de soumission.

Le PCP réaffirme qu’une politique vraiment attachée aux valeurs de justice et de progrès social, de développement et de démocratie souveraine, exige une rupture avec les contraintes et les conditionnements de l’euro et l’UEM, dictée par les intérêts du grand capital financier et les grandes puissances de l’Union européenne.

Interview: G. Zimmer (Die Linke, présidente du groupe GUE-NGL): en Europe, « l’objectif est d’en finir avec l’austérité dans les mois à venir »

Voix qu’on entend trop peu dans les médias européens, celle du groupe européen de gauche  GUE-NGL (regroupant communistes, socialistes radicaux ou ecologistes anti capitalistes). 

Sa présidente revient sur l’élection du gouvernement Tsipras (Syriza fait partie du groupe GUE), le rôle des  gouvernements allemand et français ou encore la poliique intérieure allemande 

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Interview: Mediapart

Allemande native de Berlin-Est, Gabriele Zimmer est eurodéputée membre de Die Linke, le parti frère du Front de gauche outre-Rhin, dirige, au parlement européen, le groupe de la Gauche unitaire européenne (GUE, 52 députés, où l’on retrouve les élus grecs de Syriza, espagnols de Podemos et Izquierda Unida, français du Front de gauche, etc.). Alors qu’un nouvel Eurogroupe dominé par le dossier grec se tenait ce lundi, elle revient, dans un entretien à Mediapart, sur la dynamique ouverte par Syriza et la stratégie des semaines à venir.

Que retenez-vous des premières semaines de Syriza au pouvoir en Grèce ? 

Le plus important, c’est qu’ils sont restés unis, et se sont déplacés partout en Europe pour trouver des alliés dans leur combat contre l’austérité. C’était décisif d’expliquer aux citoyens d’autres États membres de l’UE qu’ils n’acceptent plus que des gouvernements leur imposent la politique qu’ils doivent mener. C’est ce que leur ont demandé leurs électeurs et c’est ce qu’ils vont faire. Ils ont gagné de l’espace, et du temps, en vue des prochaines étapes, qui doivent permettre d’en finir avec l’austérité, et trouver d’autres sorties de crise, au sein de l’UE et au sein de la zone euro.

Qu’avez-vous pensé de l’accord conclu avec l’Eurogroupe, qui reconduit pour quatre mois l’essentiel des mesures de l’ex-Troïka ? 

La question n’est pas de savoir si c’est un bon accord ou pas. Les conditions préalables à l’accord étaient vraiment dures. Ce qu’il était possible de gagner, ils l’ont emporté. Pendant la campagne, il était déjà clair que le nouvel exécutif ne pourrait pas en finir immédiatement avec ce genre de politiques. Il était évident qu’il y aurait des conditions de la part des Européens. Mais l’objectif est d’en finir avec l’austérité dans les mois à venir. Nous avons besoin de temps, de compréhension, de solidarité.

Mais qui est prêt, selon vous, à assouplir ses positions, dans les mois à venir ? Berlin, Madrid, les sociaux-démocrates, François Hollande ? 

À l’international, le consensus est de plus en plus net pour dire que ces politiques d’austérité sont un échec, et qu’il ne faut pas les prolonger. Donc Syriza doit chercher des soutiens à l’international. Et puis il y a les mouvements sociaux, comme Blockupy, qui doivent rappeler aux autres gouvernements en Europe que Syriza n’est pas seul. Ce n’est pas la simple demande d’un gouvernement « sans expérience »: une majorité de citoyens en Europe sont convaincus que cette politique ne marche pas. Angela Merkel et Wolfgang Schäuble (chancelière et ministre des finances allemands – ndlr) ne bougeront que s’ils comprennent qu’ils ne pourront pas gagner les prochaines élections générales en Allemagne sur ce genre de position. La gauche alternative allemande doit donc faire davantage pression dans le débat allemand.

Vu de l’étranger, on a l’impression que les élections régionales à Hambourg début février – où la CDU a fait un très mauvais score – ont encore renforcé l’intransigeance de Berlin. Qu’en pensez-vous ? 

Peut-être. Je n’en suis pas certaine. Il faudra voir si la tendance à la baisse de la CDU, observée à Hambourg, se confirme ailleurs. Mais pour l’instant, les sondages au niveau national laissent entendre que Hambourg est un cas très particulier.

Et François Hollande ?

Il devrait faire davantage. C’est dans son propre intérêt ! À peine investi en tant que président en 2012, il était venu au parlement européen et avait expliqué à quel point il était nécessaire d’en finir avec cette pression budgétaire sur les gouvernements, à quel point il fallait investir davantage. Mais depuis, il a abandonné. S’il renouait avec sa stratégie de départ, ce serait très intéressant. Il ne gagnera pas les prochaines élections avec le genre de discours et de comportement qu’il tient aujourd’hui.

Quant à Jean-Claude Juncker, le président de la commission, il exhorte Alexis Tsipras à expliquer aux Grecs qu’il ne pourra pas tenir toutes ses promesses. D’après lui, les élections ne peuvent pas changer les traités. Que lui répondez-vous ? 

Jean-Claude Juncker joue à un jeu très particulier. D’un côté, il est pris dans un jeu avec les conservateurs européens, à commencer par Angela Merkel, sur les grands axes des politiques économiques en Europe. Mais d’un autre côté, depuis le début de sa présidence de la commission, il explique qu’il faut changer les choses, et reconnaît lui-même que les choses ne marchent pas. Il est prisonnier de sa propre politique néolibérale. Il redoute de ne pas trouver le soutien politique, dans sa famille, pour changer la donne en profondeur. Donc il est coincé. Il répète qu’il n’y a pas d’alternative à ses yeux, et que l’on ne peut que changer de petites choses ici ou là. Mais on doit faire davantage, imposer d’autres priorités. Si l’UE veut un avenir, et il faut que l’UE ait un avenir, il est nécessaire de mieux écouter ce que veulent les gens, ce pour quoi ils votent.

Si les traités sont à ce point mal écrits, pourquoi ne pas en sortir ? Le débat sur la sortie de la Grèce de la zone euro continue de battre son plein. Au sein du groupe que vous dirigez au parlement européen, les avis sont partagés. 

Ce n’est pas une discussion utile à mes yeux. Je l’ai dit aussi en interne, à des partis membres de la GUE, qui plaident pour un Grexit. Si la Grèce sort de la zone euro, tout le monde sera perdant. Les États membres de la zone euro ne récupéreront pas leurs prêts. Et la Grèce aura une nouvelle monnaie, mais ça ne l’aidera pas à relancer son économie. 

L’alliance de Syriza avec les Grecs indépendants, un parti de droite nationaliste grec, pour former un gouvernement, a été très commentée. Qu’en avez-vous pensé ?

Cette coalition a effectivement provoqué beaucoup de débats, y compris en interne au parlement. J’avoue que j’ai été un peu surprise. Mais pas totalement. Nous savions, dès la fin de la campagne, que la majorité absolue serait très difficile à atteindre pour Syriza. Ils ne voulaient pas des communistes du KKE (qui sont membres de la GUE – ndlr). Ils ne voulaient pas non plus de partis ayant déjà voté par le passé des mesures de la Troïka au parlement. Donc ANEL est vite devenu leur seul partenaire possible.

Certains ont jugé que c’était un peu comme si Die Linke s’alliait avec le parti anti-euro AfD… Cette comparaison est-elle pertinente à vos yeux ? 

Il n’est pas possible de prendre le système de partis allemand comme un modèle pour la Grèce, et inversement, dans les discussions que nous avons. C’est difficile de comparer des partis allemands et grecs. Je ne suis pas un soutien d’ANEL. Et j’espère que Syriza ne va pas trop coopérer avec eux. Pour moi, l’important, c’est que Syriza s’assure qu’ANEL n’aura aucune marge de manœuvre sur certains dossiers : la politique migratoire, la politique intérieure, le renforcement de la démocratie, la coopération avec la police et l’armée. Certes, ils ont obtenu le ministère de l’armée. Mais ce que je veux dire, c’est qu’il faut que Syriza soit en capacité, à chaque fois, de les contrôler sur ces sujets. 

Et l’absence de femmes au gouvernement à Athènes ?

C’est un problème. Nous ne comprenons pas pourquoi il n’y a pas au moins une femme ministre. Ce sera l’un des grands défis, pour Syriza, de savoir réagir à ces critiques. Nous sommes de leur côté, bien sûr, mais cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas critiquer nos amis, quand on juge que c’est nécessaire. Le soviétisme est derrière nous !

Le projet européen de J-C Juncker ? Une Europe libérale au service du patronat, sécuritaire et inféodée aux USA.

Une Europe *libérale (privatisation et dérégulation des services publics) avec la  » libre circulation des travailleurs » qui ne profitera qu’au patronat européen, *sécuritaire avec Frontex (répression des migrants), *soumise aux USA via un  accord de ‘ »libre-échange raisonnable et équilibré » mettant en danger nos valeurs démocratiques, nos normes sociales et environnementales.

« Nous devons utiliser les fonds publics disponibles au niveau de l’Union pour stimuler l’investissement privé dans l’économie réelle »

« Pour améliorer le financement de notre économie, nous devrions développer et intégrer davantage les marchés de capitaux »

« La libre circulation des travailleurs a toujours été l’un des piliers du marché intérieur, que je continuerai à défendre, tout en reconnaissant le droit des autorités nationales de lutter contre ses interprétations abusives ou frauduleuses. Je pense que nous devrions voir la libre circulation des travailleurs comme une opportunité économique et non comme une menace. Nous devrions par conséquent promouvoir la mobilité de la main-d’œuvre, »

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« Nous devons donc renforcer les capacités opérationnelles de Frontex, l’agence européenne pour la gestion des frontières. Un budget annuel d’à peine 90 millions d’euros ne saurait correspondre à la tâche que représente la protection des frontières communes de l’Europe. Nous avons besoin de mettre en commun plus de ressources entre les États membres pour renforcer le travail de Frontex et mettre en place des équipes européennes de garde-frontières, qui pourront être déployées rapidement dans le cadre d’opérations Frontex »

 

Aux antipodes de la vision européenne de Juncker, ma vision de l’Europe rejoint celle prônée par le PTB: Progrès social, développement durable, coopération et solidarité

« L’Union européenne est fondée sur la libre concurrence, la libre circulation des capitaux, des personnes, des marchandises et des services. Des principes qui ont été renforcés traité après traité, à l’aide de moyens de contrainte, pour concurrencer les rivaux économiques. Dans cette logique, c’est la course aux profits qui prime et non les priorités sociales et écologiques. L’Union européenne est un territoire conquis pour les entreprises financières et économiques internationales, ce sont elles qui dictent l’évolution que doit suivre le continent. Dans la stratégie de Lisbonne 2010, tout est clairement résumé : « Devenir l’économie la plus concurrentielle au monde ». Même si depuis 2008, l’Union européenne est devenue un souci majeur, on refuse de sortir de cette logique de concurrence destructrice qui ne peut déboucher que sur un cimetière social et une génération perdue.

Nous voulons une Europe différente. Nous voulons un nouveau projet européen basé sur le progrès social, le développent durable, la coopération et la solidarité. Ces principes doivent remplacer les principes de concurrence et d’inégalité. Nous voulons un continent européen où les secteurs du système ne sont pas too big to fail, mais sont aux mains de la société tout entière. Où les services collectifs et les entreprises sont axés sur les besoins des citoyens, pour une économie adaptée aux besoins les plus importants et une répartition équitable des richesses. Si nous combattons les comportements parasitaires ainsi que la spéculation structurelle, la dette publique pourra être ramenée à des proportions raisonnables »

Au lieu de détricoter les normes de santé, environnementales et sociales, l’UE doit les protéger et les améliorer. 

C’est à huis clos que l’Union européenne et les États-Unis ont entamé en 2013 les pourparlers concernant le traité de libre échange transatlantique, le TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership). Son objectif est d’étendre la libre circulation de capitaux, de marchandises et de services – déjà en vigueur actuellement au sein de l’UE – au-delà de l’Atlantique. De la sorte, les normes américaines, plus souples en matière de santé, de sécurité alimentaire et d’organismes génétiquement modifiés, risquent de faire leur entrée chez nous.

Depuis le début de la crise, l’UE promet que sa politique néolibérale contre la crise est la clé d’une nouvelle croissance. Mais le démantèlement des droits et du pouvoir d’achat n’a fait qu’accentuer la spirale descendante. 

Comme le propose le PTB, Il faut réclamer l’arrêt des négociations autour du TTIP et opter pour une autre Europe, une Europe du progrès social, de la durabilité et de la solidarité, et non du démantèlement.   

Sources: